Rester en relation, par Jean-Marie Frécon

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Jean Marie Frécon
Jean Marie Frécon

Il existe une loi universelle que nul n’ignore. « Lorsque l’on force, ça force. Lorsque l’on résiste, ça résiste. » En d’autres termes, on n’arrive pas à ses fins par la force. Et même si l’on parvient à imposer une idée par le pouvoir, la peur ou la manipulation, notre comportement finit toujours par engendrer une espèce d’inertie de résistance qui empêche le déploiement de nos « bonnes » idées. 

Ce principe de non-résistance qui permet de s’adapter, nous le connaissons bien, nous l’avons entendu souvent, nous l’expérimentons plusieurs fois par jour. Pourtant, c’est plus fort que nous. Nous préférons avoir raison plutôt que rester en connexion avec l’autre, nous choisissons de reproduire des schémas relationnels qui ne fonctionnent pas mais qui satisfont notre ego.  Alors, comment sortir de cette ornière ?

1/ L’autre est une richesse pour moi

Chaque personne est un don de Dieu pour moi, un cadeau inestimable que souvent nous ne savons pas voir. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne savons pas nous reconnaître nous aussi comme un cadeau pour l’autre. Nous manquons d’estime de soi et donc nous critiquons l’autre. Nous pointons du doigt ses défauts. C’est d’autant plus facile que le monde extérieur étant le reflet de notre monde intérieur, nous sommes bien renseignés sur le mauvais fonctionnement de l’autre. Nous avons exactement le même, pas forcément dans le même domaine et de la même façon. Mais le fait même de critiquer une personne sur un aspect de son caractère met en lumière notre propre fonctionnement. Lorsque j’accuse l’autre de langue de vipère, je révèle ce côté là chez moi. C’est en me considérant avec mes qualités, mes talents, mes compétences que je saurai changer mon regard sur l’autre. En quoi suis-je différent ? Qu’est ce que j’apporte à mon entreprise, à mes collègues ?
Tel un explorateur, partons à la recherche des qualités de nos collègues.
Concrètement :  Dès qu’un collaborateur m’agace, noter par écrit 3 de ses qualités.

2/ Ne pas chercher à changer l’autre

Le monde serait surement monotone s’il n’était composé que de clones de moi-même. Pourtant, nous aimerions tellement que l’autre change. Pas forcément beaucoup. Juste ce qu’il faut pour qu’il puisse répondre à nos désirs, pour qu’il satisfasse nos besoins. Ce qui fait notre richesse, c’est nos différences, c’est notre nature, ce sont nos élans. Laetitia ne deviendra jamais Léa et Kevin n’aura jamais le tempérament de Boris. Ne pas chercher à changer l’autre passe par le fait de nous accepter tels que nous sommes, de cesser de nous cacher derrière des masques ou des injonctions : « Je veux être parfait », « Je veux être accepté de tous»… Cessons de vouloir « séduire » en changeant notre nature profonde.
Soyons reconnaissants vis à vis des autres d’être ce qu’ils sont comme je le suis vis à vis de moi-même d’être qui je suis.
Concrètement : Pour chaque collaborateur, noter par écrit 3 compétences que j’admire en lui. Eviter de lui demander des tâches qui ne rentrent pas dans son cadre de compétences.

3/ Toujours rester en relation 

Ce qui nous sépare et nous divise ne se trouve pas dans nos différences mais dans notre ego, notre plus grand ennemi relationnel. Lors d’un échange, nous voulons avant tout être entendus, être écoutés, donner notre point de vue. Nous voulons avoir raison. Pourtant, une seule question devrait nous habiter dans les rapports humains : « Comment puis-je entrer en relation avec l’autre et y rester ? »
Certainement, le défi n’est pas facile. Nous échouerons souvent, mais si nous essayons toujours de rester sur ce chemin de la relation, nous saurons mettre en place des stratégies pour revenir vers l’autre, pour le comprendre, pour reconnaître nos erreurs.
Le désir de rester en relation doit toujours prévaloir sur la volonté d’avoir raison.
Concrètement :  En cas de désaccord ou de conflit, questionner le collaborateur pour comprendre son point de vue et le reformuler pour valider. Ne jamais hésiter à reconnaître sa propre part d’erreur pour rester en lien.

4/ Eviter la familiarité

Sous couvert de bienveillance, nous adoptons un comportement basé sur la proximité qui se révèle à long terme extrêmement toxique. À travers des comportements familiers (sourires forcés, confidences, compliments, surnom, …), nous créons une connivence qui nous donne l’impression d’être proche de notre interlocuteur. Sans nous en rendre compte, nous créons nos propres chaines qui certes, nous donnent un sentiment de sécurité relationnelle, mais qui aliènent notre liberté de parole. Piégés dans une relation bienveillante, il nous devient alors impossible de poser nos limites ou de reprendre un collègue. Notre seule porte de sortie devient l’hypocrisie, la critique de notre collaborateur derrière son dos. Il est plus facile de marquer une certaine distance relationnelle quitte à s’ouvrir ensuite, que de faire tout de suite « copain-copain » pour ensuite marquer ses frontières.
Gardons la distance juste qui nous permet de rester libres dans la relation.
Concrètement : Toujours garder une distance relationnelle permettant de se sentir libre de dire les choses dans la relation.

5/ Dire la vérité

Ce qui nous freine à dire la vérité dans nos ressentis, dans nos remarques, dans nos remontrances, c’est la peur. Nous avons peur d’avoir une mauvaise image, nous craignons d’être rejetés. Et cette peur est fondée car nous en avons déjà fait l’expérience. Pourtant, nous savons aussi combien nous nous sentons en sécurité lorsque nous avons à faire à une personne qui est directe. Nous savons que nous pouvons compter sur elle. Nous savons que ses engagements sont fiables et ses  « non » sont une preuve de sa liberté et de son honnêteté. Cela ne signifie pas que notre collègue soit notre poubelle émotionnelle dans laquelle nous déversons notre mauvaise humeur. Lorsque Gandhi avait des mauvais sentiments envers quelqu’un, il jeûnait jusqu’à ce que ceux-ci disparaissent. Il pouvait alors dire les choses sans colère ni amertume.

Quoique nous disions, que ce soit toujours l’occasion de renforcer une relation et non de la fragiliser.

Concrètement : Lors d’un conflit relationnel ou d’un désaccord, laisser passer minimum 24H pour ne pas réagir à chaud. Attendre d’avoir retrouvé le calme intérieur. Prendre le téléphone ou le faire de vive voix pour lever toute ambiguïté.


Jean-Marie Frécon
Global Coach
Instructeur Global Systema, art martial russe
Expert en respiration et gestion des économies
www.globalsystema.fr

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